Fabrice Guillet, membre de l'ASATS, Association pour la Sauvegarde et l'Aménagement de la Tour de Saussy, a donné ce soir une conférence sur cette construction qu'il est impossible de manquer quand on traverse le village de Saussy. La commune se situe au point culminant (595 mètres) de la route D996, entre Messigny-et-Vantoux et Moloy, quasiment une route de montagne qui traverse un paysage de forêts profondes et giboyeuses.

C'est justement ces qualités cynégétiques qui ont attiré, dans le dernier quart du XIX^e siècle, un riche entrepreneur de Lyon, Paul Bredin. Ce notable, grand amateur de chasse à cour, se fera construire à Saussy un château doté d'un chenil et d'un manège équestre, n'hésitant pas à détourner la route venant de Chaignay pour qu'elle ne traverse pas sa propriété. Mais Saussy ne disposait pour son approvisionnement en eau que d'une source dont le faible débit ne suffisait pas à couvrir les besoins personnels du châtelain et ceux de ses chiens. C'est à ce moment-là qu'il concevra et fera construire la fameuse tour, dotée à son sommet d'une éolienne qui, par un ingénieux système mécanique, permettait d'aller chercher, bien plus bas, l'eau de plusieurs sources collectées dans un réservoir maçonné. Dans la partie basse de la combe, une deuxième tour, dotée d'une roue de 25 mètres de diamètre, permettait de refouler l'eau des sources vers ce réservoir situé 150 mètres plus haut.

On l'aura compris, le système était complexe, et il ne remplira son rôle que pendant une durée qu'il est difficile de préciser aujourd'hui. Mais le châtelain-chasseur a pu en bénéficier, ainsi que le village de Saussy qui, par contrat, recevait la moitié de l'eau ainsi puisée dans les profondeurs de la combe Mousseneux. Paul Bredin, décédé en 1898 à Saussy, a sa tombe et celles de ses proches, toutes très bien entretenues, dans le cimetière de la commune.

Son château a dû être démoli à la suite d'un incendie qui, en 1983, avait déformé sa structure métallique assez typique de l'âge de Gustave Eiffel.

Le public a suivi avec grand intérêt le récit de cette épopée d'un entrepreneur énergique et inventif, et des efforts de l'ASATS, une association qui a déjà beaucoup accompli pour sauvegarder ce patrimoine unique en France, ce qui lui a permis de recevoir, entre autres, une contribution de 164 000 € de la Mission Patrimoine Stéphane Bern.